Artesonraju, le Jour le plus long II, le retour.

Publié le par gege

Recette du jour :

- prenez un gégé toujours motivé mais bien crevé (et qui fait des versets, bon nul d´accord),

- rajoutez un Jonas, amical et jovial Suisse, propre sur lui comme il se doit (enfin pour l´instant),

- mixez le tout dans un bar d´Huaraz avec beaucoup de bières qui rendent bête,

- vous obtenez une idée saugrenue mais qui paraît intelligente de prime abord, aller grimper l´Artesonraju.

Artesonraju, 6025m, face sud-est, D, 1200m+.

Pourquoi saugrenue ? d´une, parceque j´aime bien les mots bizarres, de deux, parceque on ne ce connait pas en montagne, de trois, que c´est une bien longue bambée, de quatre, vous mettez de deux et de trois ensemble c´est pas idéal, de cinq, qu´on ne connait pas les conditions (pas de sortie sur C2C dans les derniers jours), de six, y a trois jeunes qui viennent de s´écrasé au pied de la face, de sept, le temps est pas terrible, de huit, on est bien à Huaraz dans les bars y a plein de beautées locales et de gringuettes en goguette, de neuf, je vais bien trouvé quelque chose, de dix, je peux continuer longtemps, faut pas me poser des questions comme ça aussi quoi. 

Laguna Parón et la Pyramide - camp moraine

Saugrenue ou pas, c´est parti. Donc, sac au dos, grosses aux pieds et araignée au plafond ( obligatoire pour ce lancer dans des galères pareilles ) nous voici sur la route de la vallée Parón. Magnifique coin pas trop fréquenté car ici les sommets sont plutôt difficiles, Huandoy  Est, Ouest et Nord, Chacraraju Ouest, Pyramide de Garcilaso, Caraz I et II, et le célèbre Sphinx, la Esfinge , pour les amateurs de grandes voies rocheuses. 

Fini le tape-cul en voiture, la laguna Parón nous attend pour une ballade bucolique le long de ses eaux calmes, à l´embouchure du lac quelques vaches espèrent papoter un peu avec nous, on leur dit juste en passant mmeeeeuuh ! ( bonjour ça va ? en langue vache espagnol ), car il nous reste un petit bout de chemin pour trouver un autre camp de base plus calme ( car en plus des vaches il y avait un troupeau d´Autrichiens avec leurs guides, porteurs, cuisiniers, serveurs, docteurs, dentistes, cartographes, biographes, historiographes, et autres hagiographes ).

Chacraraju à gauche    -   Pyramide de Garcilaso à droite. 

Nous montons le long de la moraine vers notre camp nocturne lorsque nous voyons apparaître, un condor ? non, la lune ? non, plein de randonneuses suédoises ? non, Sarkosy, ah non ta gueule, le camp ( revenir au début de la phrase pour ceux qui ne comprennent pas ). Un petit camp sous les quinuals, rien que pour nous, une belle plateforme confortable, un ruisseau d´eau pure éloigné d´au moins 1m50, quelques oiseaux nous chantent un air de bienvenue, pendant que le soleil enrichit les sommets de multiples couleurs chatoyantes. Rien que ça ! Donc après une nuit chaste et reposante nous entamons la montée au camp moraine, en profitant du joyeux paysage qui s´offre à nous, les lagunes brillent au soleil, les pentes douces et verdoyantes de la vallée laissent la place aux escarpements rocheux, aux champs de neige verticaux aux arêtes acérées et déchiquetées, et aux sommets imposants ou effrayants. Fin du monde idyllique et début du chaos montagnard, des affreuses moraines, des glaciers dévoreurs et des faces monstrueuses. Le camp moraine permet de profiter tranquillement du panorama et de mesurer les futurs dégâts : un  long glacier plat et gris, un cheminement caché dans des séracs pour atteindre la rimaye, une pure pente régulière et bien blanche pour arriver sur un large sommet prometteur. Pas l´air dur mais long. Bon, yapluka ! 

 

Départ au milieu de la nuit, une petite descente dans les éboulis nous pose au pied du glacier, crampons aux pieds nous prenons le rythme, nos frontales délimitent notre espace de vie 5m devant nous, après seul le néant existe, ce qui n´est pas très pratique pour éviter les pièges, pas de crevasses mais beaucoup de pots, des piscines camouflées  sous la surface, je passe le pied à travers cette surface et manque d´y plonger la tête la première, sa refroidit. Enfin arrive la neige et la pente, passage à un petit col, on suit les traces à travers les crevasses et les séracs, on zigzague beaucoup, puis on y est, presque !, pas très sur mais on n´y voit goutte, plus de traces, rienafout´ ça va passer. On passe en mode grimpe, et blabla bla, bon allez à plus, tiens c´est pas là, redescend un peu, traverse, peut être là, pouf y´a un gros trou là, ça va tenir, oui quand je parle pas je suis moins lourd, ah ? eheh passé. Maintenant la pente, piolet, planter, tirer, pousser, cramponner, souffler, planter, pousser, tirer, bourriner, planter, tirer, lever le nez, bûcheronner, pousser, ?  y en a comme ça sur au moins 600m alors je résume. Le jour se lève, petit à petit on voit où on se trouve, l´ampleur de la face au-dessus de nous, plus tard la même ampleur au-dessous, gaz ! La neige porte mais pas assez pour les pioches, pas de piolet traction, ça patauge un peu dés fois. Des heures et des heures plus tard, on constate que c´est vraiment trop long, même après avoir essayé de grimper plus vite avec moins de points et en corde tendue à fond, ça traîne. Mais le sommet est là tout proche, ça va le faire. Finalement on y est, sur l´épaule, 100m et le voici, le splendide sommet, panorama qui décoiffe, tous les « gros » du nord de la cordillère sont au rendez-vous, c´est classe. Bon aller on ce casse. Heureusement les Autrichiens ont équipés toute la face en rappels sur pieux à neige, un seul mot d´ordre, vite (sans faire de connerie dans les manips si possible ). C´est parti pour plus d´une quinzaine de rappels, 16 ou 17 je crois, c´est long ! Et malheureusement pour nous la nuit nous attrape à seulement trois longueurs de la rimaye, trois de trop, car évidement la ligne de rappels dévie de la ligne droite qu´on suivait jusque là, trop facile. Du coup on ce plante de côté ( une chance sur deux :-), la neige est trop pourrie pour installer un rappel, résultat : modifier l´encordement, remonter un peu, traverser, trouver un passage, installer un rappel, remanip de corde, retour à la case départ. Mais dans quel état, on est déjà bien cramé, faut rester concentré, reremanip de corde, ne pas perdre les traces, rester debout, pas mélanger les crampons,  dur dur. Retour au col, ouf on est tranquille, plus qu´a rouler. Tu parles, avec la fatigue et la nuit on trouve le moyen de se retrouver à l´autre bout de la vallée, se sont les petites étoiles qui nous le disent. Les petites étoiles des frontales de la première cordée qui part du camp ! Demi-tour, à bout de force faut remonter la moraine, et s´écrouler sous la tente comme des larves. Quelle bavante le retour !

 

l´Alpamayo au loin

On s´en est bien tirer finalement. C´était une belle course mais mal prévue, comme on ne ce connaissait pas en montagne avec Jonas, on aurait du partir du camp glacier, plus haut, partir plus tôt, et aller plus vite dans les manips (moins de photos ou blabla et autres pertes de temps). 

 

Au fond, Chopicalqui, Huascarán Sur et Norte, Pisco sous le Huascaran norte

La prochaine fois je sais, et je monte la planche c´est sur, descente en deux-deux à la Gégé (j´ai mon casque je crains rien !??! ) et le tour est joué, le bon plan.

Rendez-vous là-haut avec les surfs, d´accord les Guenilles ?

 

 

  

Publié dans guenilles

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F
Quoi, ça skie? bouge pas , j'arrive!
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R
Ouaou impressionnant tout ça... Décidemment les "montagnards" sont tous un peu tarrés apparemment ;-))<br /> J'ai pas eu le temps de tout lire mais je vais m'y mettre,<br /> A bientôt!
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