Cajon del Maipo le retour

Publié le par gege

J-25, B4-CON, But Capitalisme Ordurier National.

Notre bande de buses à nouveau réunie, la motivation revenue ou presque, le soleil avec nous, il est temps de trouver un nouvel objectif pour nos derniers jours au Chili. Nous choisissons la fameuse grande vallée proche de Santiago avec la piste qui monte haut en altitude, celle que nous n'avions put prendre à cause des képis. Ce coup ci ça passe, on roule tranquillement, optimistes, jusqu'à la nouvelle tuile, un gros contrôle sur la piste avec un panneau minier, la route est privée, propriété intégrale et un intouchable d'une société internationale, les gros enfoirés nous dénient l'accès aux montagnes, F..k !

Désabusés nous réalisons en plus que le fourgon aussi part en live, en répandant sur le sol tout le liquide de refroidissement surchauffé, refaire le niveau s'impose. Bravo le merdier, et maintenant ?

Il reste une option, une vallée prometteuse située non loin de notre première rando au Cajon del Maipo. Les pourparlers sont rapides, en route vers notre dernière aventure, encore une fois tout le monde s'installe dans le van, notre petit espace vital, au milieu des vieilles odeurs tenaces et du stock de matos en vrac. On traverse Santiago dans les bouchons, s'échapper vite, on retrouve la route empruntée un mois avant, mais on prend une variante à gauche, une longue piste s'insinue dans les montagnes et se dirige vers les sommets enneigés et le grand lac Embalse El Yeso. Juste avant le lac les éboulis ont envahi la chaussée, il faut poser le camp pour la nuit en contre-bas de la route.

Encore une journée passée sur la route, dommage.

 

 

J-26, camp de base Embalse el Yeso et petite bosse.

A la fraîche la troupe s'active, dicton local : " de la manjar au matin, 900m/u sous le patin "  Cette manjar  c'est de la pâte de lait caramélisée, elle a crée des inconditionnels, au point d'en avoir consommé 3 ou 4 kilos en un moi, et dégouté certains autres, mais quel succés ! En tout cas on prend des forces pour porter tout notre barda, afin de monter un camp vers le lac et sous les pentes de neige. Pas facile la chose avec la bouffe, les tentes, les surfs, ... même à six ça nous laisse des gros sacs. Chanceux que nous sommes nous pouvons établir notre camp sur un replat au bord du lac à une distance raisonnable du van.

Et c'est légers comme des plumes que nous nous élançons à l'assaut tardif d'un petit sommet au-dessus de nos têtes, entre notre lac et la Laguna Negra un peu plus haut. La chaleure est très présente mais le dénivelé assez court, notre sommet est modeste mais assez élégant avec une belle vue sur les alentours et les deux lacs, l'un plutôt vert et l'autre bien bleu.

Première descente avec vue sur un grand lac, perspective plaisante et originale, en plus la transfo de printemps nous permet une chouette glisse, on fait des efforts pour surfer propre et faire de belles courbes, parfois ça marche, parfois non ! Il faut se forcer à traverser vers le camp sans plonger directement vers le lac bien tentant. Une dernière soirée en bivouac nous attend, le réchaud ronronne, les pâtes frémissent, et les pieds gèlent dans les chaussures trempées, la routine des campements en rando. La nuit est belle, profitons encore une fois de la voute céleste version hémisphère sud (elle est à l'envers là-bas ! ah bon ? ) dans ce calme reposant, c'est quasi mystique !

 

 

J-27, La Punta Negra, la cerise sur le gateau.

La dernière déjà, pour fêter ça nous avons choisi une belle pente qui paraît assez raide et assez blanche pour nous offrir un final de toute beauté. Sur un sommet de l'autre coté du lac cette face nous attire l'oeil depuis notre arrivée, un large couloir mène à une épaule à gauche du sommet puis des grands champs de neige vallonés rejoignent le lac. Le problème sera de rejoindre le pied de la face, il faut pour cela suivre le bord du lac sur une mince langue de terre et de pierres, puis surmonter un large éperon qui s'avance loin dans le lac pour basculer dans le bon vallon. Vaste programme, avec beaucoup d'inconnues, la distance, le dénivelé, la qualité de la neige, ... même pas un topo-neige de Sashahani pour nous aider !

C'est à l'aube naissante que la troupe s'ébranle pour son ultime ascension andine, pleine d'espoir et d'envie pour ce chant du cygne. Absorbés par nos pensées, la traversée du lac s'écoule rapidement, même si des langues de neige tentent de nous pousser dans les eaux glaciales, même si les cailloux chaotiques nous font trébucher, même si le grand éperon nous en fait voir de toutes les couleurs (obliger de mettre les crampons, éboulis, soupe, ...). Même dans l'adversité le moral reste au beau fixe, le couloir nous attend sous un gros soleil.

Regroupement général au fond du vallon, c'est passé, le hors d'oeuvre, et le plat de résistance arrive, on estime devoir grimper environ 1200 à 1500m de dénivelé jusqu'au col. Le soleil nous suit dans notre progression, nous réchauffant agréablement sans avoir le temps de transformer la neige, du coup la montée se passe bien malgrès la pente qui se redresse. On navigue dans les vallons qui nous promènent à droite et à gauche jusqu'à déboucher sous le couloir tant convoité, une pause s'inmpose, il faut reprendre des forces avant d'attaquer la bête. Pendant que nous grignotons un bout Loïsyann part en éclaireur, la pente qui nous paraissait pas si terrible que ça change de proportion nous le voyons réduir de taille jusqu'à n'être plus qu'un liliputien perdu dans une mer blanche, notre optimisme en prend un coup !

Résignés nous nous élançons à la poursuite de Loïs, à la poursuite de notre rêve quotidien, à la poursuite de notre inutile indispensable (ou indispensable inutile...). C'est à grande peine que nous gagnons ces longs mètres, pas après pas l'effort se poursuit inlassablement, le pied de la pente s'éloigne au même rythme que le bout de ciel bleu, symbole de notre délivrance, se rapproche. Elle arrive, elle se dessine, elle se réalise, la joie, joie d'être en haut, joie d'être là, joie de l'accomplissement de notre voyage, une joie qui se touche et se déguste. Surtout que après le gateau, la cerise reste à manger, une belle pente qui n'attend que nos signatures tracées à grand coup de courbes et contre-courbes, de la véritale calligraphie !

On va tenter de filmer la descente pour garder des souvenirs et montrer aux potes, le clou du spectacle « des Guenilles dans les Andes ». De la bonne poudre s'étale sur le haut du couloir et c'esr un régal pour envoyer des grosses gerbes de bonheur. Evidement c'est trop court comme toujours, un petit passage en béton soufflé, puis c'est au tour de la transfo qui nous permet de glisser royalement jusqu'au lac. Sensation bizarre de ce voir plonger vers ce champ bleu sur lequel il vaut mieux ne pas essayer de surfer avec ces planches là. Et on peut enfin refaire le plein des gourdes, étacher notre soif terrible.

Les choses n'étant jamais faciles, c'est une bonne grosse galère pour retourner au camp, retraverser le gros éperon et le lac sera épuisant. En plus la deuxième couche suit, démonter le camp, rejoindre le fourgon avec nos gros sacs de portage, aaaaaargh ! C'est à la nuit tombée que nous en finissons une fois pour toute avec les randos, l'émotion est vite remplacée par la nécessité de refaire les sacs à dos en configuration de vol. Eric, Loïsyann, Cyril et Jérôme reprennent l'avion le lendemain midi, un dernier regard sur notre bon couloir et on attaque la troisième couche, rejoindre Santiago et trouver un hôtel, suite à ce dernier effort tout le monde s'écroule comme une masse pour un court repos bien mérité.

 

 

 

Publié dans guenilles

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Z
Salut à vous tous surfeurs de tout horizon!Me voilà atterrie sur votre blog, sympa comme tout. ça donne envie de voyager.
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